Histoire désolante
Il était une fois, dans une petite école de presque centre-ville où il faisait bon vivre, une directrice sympa qui veillait sur son petit monde.
Elle aimait bien son job, cette directrice. Elle s'évertuait à prendre en compte chaque spécificité, chaque besoin, des enfants comme des parents.
Alors, lorsqu'une maman se présenta en retard, un soir, pour récupérer son nain, elle excusa cet imprévu. Seulement, cet incident ne resta pas isolé, il se répéta, encore et encore.
La directrice fut bien embêtée car la loi lui imposait de faire un signalement. Seulement, confier un si petit bonhomme à des policiers ou signaler à l'inspection les retards répétés, c'était prendre le risque de causer des ennuis à la famille... Non, ce n'était pas envisageable pour elle.
Elle prit sur elle de surveiller le nain, à chaque retard de sa mère.
Un soir, pourtant, elle se décida à mettre les choses au point avec la mère. Elle lui expliqua qu'elle ne pouvait pas se permettre d'ignorer la législation plus longtemps. Elle dit alors qu'elle serait dans l'obligation d'appeler le commissariat la prochaine fois, ce qui enclencherait un lourd processus de signalement, négligence, toussa. Il était temps que la mère entende que les horaires n'étaient pas variables en fonction des désirs de chacun.
Mais la mère ne l'entendit pas de cette oreille. Elle devint agressive, verbalement d'abord, puis physiquement.
Les représentants de parents d'élèves furent avertis et bientôt tout le groupe scolaire fut au courant.
D'habitude, il y a toujours, devant cette école, un groupe de parents prêts à défendre bec et ongles le parent tyrannisé par le vilain fonctionnaire. Mais ce matin, pour une fois, il n'y avait personne pour justifier ou excuser un tel comportement.
Pour une fois, j'ai entendu tous les parents s'exprimer d'une seule voix. Il était hors de question de
justifier la violence, d'excuser l'agression, de permettre qu'une telle chose se produise dans l'école de nos enfants. Je ne suis pas naïve au point de croire que cela va durer. Mais, pour une
fois, ce matin, j'ai entendu les parents reconnaître à haute voix que nous avions une chouette école, une équipe investie et motivée, et des enfants bien accueillis. C'est bête, sûrement, mais ça
m'a fait plaisir pour ces enseignants.
Je ne sais pas quelles seront les suites de cette histoire, mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser à cet enfant. Ce petit bonhomme qui a vu sa mère agresser la directrice. J'ai eu de la peine pour lui.
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