migraine
Moi, je dis, des fois, y'a des cons, y feraient bien d'être moins cons... Ou plus intelligents mais ça serait plus dur !
Phrase d'une grande philosophe fatiguée et bourrée de béta-bloquants et de
triptans.
Parfois, devant l'école de mon Troll2, il y a des parents. Bon, tous les jours, en fait. A croire qu'ils n'ont pas de maison ces gens-là et passent leur vie à attendre sur le banc devant la grande porte rouge. Je vous jure, on peut passer à n'importe quelle heure, il y a toujours des parents, soit très en avance, soit très en retard... Enfin, non, en retard, ça se verrait, il y aurait des nains avec eux. Et ces gens-là sont très informés sur tout et spécialistes de pleins de choses. Ils doivent tous avoir fait médecine pendant leur temps libre...
Ce matin, j'avais une tête de déterrée, les zombies dans Thriller ce sont des petits joueurs à coté de ma tête de ce matin. Je marchais à la vitesse d'une limace morte et je répondais à toutes les questions de mon Troll par un " grmblmergrrmle" à peine intelligible. Enfin, lui, il s'en fiche, il traduit en fonction de la réponse qu'il veut obtenir.
Autant dire que les autres parents n'ont pas tardé à s'inquiéter de l'état de santé de leur grande amie la pestouille, cette personne si charmante, sociable et sympathique... Mouais, ils sont venus faire les curieux.
- Oh, mais tu as une tête de déterrée. Tu as l'air malade. C'est pour ça qu'on ne t'a pas vu depuis mardi ?
Non, dugenou j'étais partie aux Baléares et ce que tu vois sur mon visage ce sont des marques de bronzage...
Bon, je n'ai pas tout a fait répondu ça, j'ai juste dit " grmlbrmlnbebnerbr", mais ça voulait dire pareil.
- Bah dis donc, vu ta mine, tu as au moins chopé un virus...
Ouais !! J'ai trop de chance, je suis tombée sur un médecin très spécial qui détecte les virus rien qu'en regardant le visage des gens. Il y en a qui lisent dans les lignes de la main, elle c'est sur les traits du visage. Chacun sa spécilaité.
Donc, je leur fais la version courte, parce que j'avais d'autres chats à fouetter et je leur explique que 2 jours de migraine de la mort qui tue = tête explosée, mine de zombie et tension d'un bulot. Et là, incroyable. Tout un nid de spécialistes es-migraine, diplomés Wikipédia et Doctissimo.
- J'ai lu que les migraines, c'était psychologique. Si ça se trouve tu fais une dépression...
Gniiii ? Je fais une dépression depuis 25 ans et mon médecin ne le sait même pas. Dis donc, je suis forte ou mon médecin est nul, au choix. Pis ma main dans ta tronche, ça va pas être psychologique, je te le dis !
- Non, mais les migraines, c'est à cause des cycles. C'est pour ça qu'il y a que les femmes qui en ont.
Ahh, les bonnes paroles du docteur duconlajoie...
Alors sachez, braves gens, qu'il y a effectivement plus de femmes souffrant de migraine, mais que ce n'est en aucun cas une maladie exclusivement féminine. Et que, si certaines migraines sont effectivement déclenchées par des hormones farceuses, d'autres ont des origines bien plus troubles. Tellement troubles, qu'on ne sait pas toujours bien d'où ça vient. Et moi, j'ai tiré le gros lot parce qu'on a, à l'heure actuelle, que des hypothèses et aucune certitude. Autant dire qu'on bidouille en fonction des crises et de leur intensité.
- Ma mère, elle mangeait des oignons, quand elle avait mal à la tête. Tu devrais essayer.
Heu.. Là, tout de suite, à 9h du mat ? Non, merci, je passe mon tour !
- C'est parce que tu bois trop de café..
Raté. On me la sort continuellement celle-ci. Le café peut, en effet, être un facteur déclenchant chez
certaines personnes. Mais pour moi, après avoir fait le test (demandé par mon médecin), il s'avère que j'ai plus de risque de faire une crise quand je manque
de caféïne. Donc, oubliez, je n'arrête pas le café !
- Enfin, je ne sais pas comment tu fais pour que ça dure deux jours. Parce que, moi, une aspirine et j'ai plus mal.
Bah soit je suis très très c*nne, soit ce que tu fais passer avec ton aspirine ce n'est pas une migraine....
Déjà, passons sur le fait que l'aspirine me fait autant d'effet qu'un bonbon à la menthe, à la différence que je ne saigne pas du nez quand je mange des bonbons...
Ensuite, ça serait assez sympa que les gens arrêtent de croire qu'une migraine, c'est juste un mal de tête.
J'ai déjà expliqué pourtant, mais on dirait que c'est trop difficile à assimiler pour leur cerveau.
Une migraine, ce n'est pas un mal de tête qu'on peut faire passer avec un bête cachet de paracétamol, d'aspirine ou même d'ibuprofène. Autant vous dire que je peux prendre la boite de ce genre de médocs, à part flinguer mon estomac, je n'obtiendrai aucun résultat.
Une migraine, c'est une crise où tout devient excessif, d'un coup. La lumière, les sons, les odeurs deviennent source de douleurs. Enfin disons que ça accentue la douleur.
La douleur, d'ailleurs, est parfois difficile à localiser. Elle peut varier d'une crise à l'autre, de pulsations au niveau des tempes, jusqu'à se diffuser dans tout le crane. Un peu comme si deux petits rigolos faisaient une épreuve de force. L'un pousse les parois du crane vers l'extérieur, tandis que l'autre les resserre dans un étau.
En général, si on a beaucoup de chance, on a très mal dans les yeux aussi, parce que les petits farceurs s'amusent à tirer dessus.
Et comme ce sont des crises très très classes, tout devient source de nausée. Le moindre geste peut vous donner l'impression que votre crane va exploser et la douleur ainsi accrue vous donnera des nausées. Donc vous serez obligé de bouger, donc vous aurez encore plus mal, donc encore plus de nausées, donc... Vous le voyez le cercle vicieux ?
Une migraine, c'est d'un coup, une furieuse envie de se jeter la tête la première dans un mur. C'est s'isoler, dans le noir, et devenir agressive avec quiconque essaiera de vous parler. C'est cette douleur insupportable qui vous donne envie de hurler et puise toute votre énergie, vous laissant à l'état de larve agonisante.
La migraine, c'est aussi ne jamais sortir sans son traitement, parce qu'une crise peut arriver n'importe quand. Bien qu'en journée, certains signes annoncent la crise. Seulement, cette vicieuse vient parfois s'installer pendant votre sommeil. C'est elle qui vous réveille, bien vigoureuse et souvent déjà trop avancée pour que le médicament de crise fasse effet.
Etre migraineuse, c'est louper une journée de boulot et ne pas être capable d'appeler pour prévenir. C'est avoir un sms pré-enregistré dans son téléphone pour pouvoir l'envoyer rapidement à la personne qui joindra, pour vous, votre employeur. Etre migraineuse, c'est louper des fêtes, des anniversaires, une compétition de judo, une sortie avec son fils. Et n'avoir pour seule excuse, aux yeux des autres, qu'un mal de tête.
Etre migraineuse c'est faire des projets tout en sachant qu'on sera peut-être amené à annuler, ou pas, selon le bon vouloir de madame migraine.
C'est aussi, parfois, sentir la crise venir, se bourrer de cachets, ne pas arriver à la stopper mais réussir à la repousser jusqu'au mercredi ou au week-end, et le payer très cher. Pour ne pas avoir à se justifier pour une nouvelle absence.
Et encore, nous sommes en 2012, même si le parent lambda devant l'école ne connait pas, la plupart des
médecins savent ce qu'est une migraine. Il y a 25 ans, on vous disait juste des trucs comme " Cesse de t'écouter" ou " T'es sur que tu n'en rajoutes pas un peu ?"... Et la plupart des médecins
vous refilait du doliprane pourri qui sert à rien.
Une migraine, ce n'est pas réglé comme une horloge. Certaines durent quelques heures, d'autres plusieurs jours. Parfois on peut avoir deux crises dans le même mois et plus rien pendant 3 mois... Et puis, certaines font mine de s'en aller et reviennent en force quelques heures plus tard.
Ma plus longue crise, il y a un an, a duré 10 jours. 10 jours pendant lesquels j'ai lutté pour que mon médecin oublie son idée d'hospitalisation. 10 jours où elle venait me faire des injections, qui calmaient la douleur un temps, puis la laissaient revenir, provoquant des chutes de tension qui accentuaient la migraine, qui accentuait la chute de tension, qui... Le retour du cercle vicieux..
Depuis, j'ai un traitement plutôt sympathique à base de béta-bloquants... Ce qui a diminué la fréquence
mais pas l'intensité des crises. Accessoirement, j'ai également perdu pas mal de kilos pendant cette crise (bah oui 10 jours sans pouvoir manger, enfin très
peu), ce qui m'a fait passer sous la barre de l'IMC parfait de mr Dukan. Mince, j'aurai pas mon bac. Et ce qui est, bien sur parce que la migraine est une farceuse, potentiellement un risque d'en faire plus souvent puisque je suis affaiblie tant que je n'aurai pas réussi à reprendre ces fichus
kilos !
La migraine, ce n'est pas une maladie de femme. Les hommes peuvent aussi être migraineux, tout comme les enfants. Ce n'est pas forcément un excès, qu'il soit alimentaire ou autre. Bien que la plupart des migraineux finissent par s'interdire certains aliments.
Et enfin. Oui, les migraineux, après une crise, ont une tête à faire peur. Essayez de vous souvenir de votre dernier mal de tête. Avez-vous retrouvé toute votre énergie dès la fin de la crise ? Alors essayez d'accentuer l'intensité de ce mal de tête, jusqu'à l'insupportable. Et dites-moi combien de temps il vous faudra pour vous en remettre ?
Pour moi, c'est généralement proportionnel à la durée de la crise. Je peux me faire violence et tenir debout, comme je l'ai fait ce matin. Mais je suis, en général, très peu opérationnelle.
Et être migraineuse, c'est avoir en horreur, les gens qui vous répondent " ah, ok, tu avais mal au crane,
quoi"... Comme si vous aviez tiré au flanc pour un bête petit bobo. Sincèrement, j'échange leurs maux de tête, même réguliers, contre une seule de mes migraines, quand ils veulent !
Alors, ce matin, comme j'en avais marre de leur bons conseils, que le froid menaçait sérieusement le peu de force que j'avais, j'ai fini par leur dire :
- Allez savoir, si ça se trouve, j'ai la grippe et vous êtes tous en train de la choper...
C'est bien la grippe, ça marche toujours !
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